Jeudi 14 mars 2019 à 19h30

Robert Wajcman

Témoignage d'un ancien déporté 
Pologne - Auschwitz III - Monowitz


au restaurant La Manufacture (Centre Colbert à Châteauroux)
Renseignements/réservation : 02 54 34 46 79 / 06 74 03 32 08

Robert Wajcman est né le 8 mai 1930 à Paris, dans le quartier du faubourg Saint-Antoine, où son grand-père est ébéniste. Ses parents sont d’origine polonaise. Brocanteurs, ils vivent à Saint-Ouen avec leurs deux enfants. En 1942, la famille, inquiète des rafles de Juifs étrangers à Paris, se réfugie en zone Sud. Suite à un contrôle de papiers par la Gestapo, Robert et ses parents sont arrêtés à Lyon le 24 mai 1944, puis conduits au fort Montluc où le père de Robert est fusillé le 3 juin 1944. De Drancy, Robert est déporté à Auschwitz avec sa mère Jeannette le 30 juin 1944, dans le convoi 76. Robert entre au camp de Auschwitz III-Monowitz, sous le matricule A.16909. Il a alors 14 ans. Très jeune adolescent, il survit grâce à l’action de deux jeunes résistants internés avec lui à la prison de Montluc et à un médecin déporté, le Professeur Waitz, qui lui sauve la vie à plusieurs reprises. La Marche de la Mort le conduit à Gleiwitz, puis au camp de Buchenwald, d’où il est évacué dans un « convoi d’extermination » qui échoue à Theresienstadt le 7 mai 1945. Robert fait partie des rares survivants de ce convoi. Il rentre à Paris à la fin du mois de juin 1945.


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L’horreur de la déportation racontée aux jeunes Indriens


Robert Wajcman raconte avec clarté son adolescence, où il a vécu l’enfer de la déportation, pendant la Seconde Guerre mondiale. Face à lui, cent cinquante lycéens boivent ses paroles. © Photo NR

Robert Wajcman, 89 ans, rescapé d’Auschwitz, est venu témoigner auprès d’une centaine de lycéens. Un moment particulièrement fort en émotion.

Vendredi matin, 9 h 30. En sous-sol du lycée Blaise-Pascal, le petit amphithéâtre est bondé. Cent cinquante élèves de terminale, venus de plusieurs lycées de Châteauroux, sont assis. Autour d’eux, leurs professeurs n’en reviennent pas.« Vous avez vu ? Qu’est ce qu’ils sont calmes… ». Un silence de cathédrale dû à l’arrivée, face aux lycéens, de Robert Wajcman, né en 1930, et déporté vers le camp d’Auchwithz en 1944, parce que juif. 
Durant une heure trente, ce dernier plonge dans son passé d’adolescent de 14 ans, celui qu’aucun enfant n’aurait jamais dû vivre. Devant une assemblée captivée, Robert raconte comment son père et lui finiront par être arrêté par la Gestapo, et emmenés à la prison Montluc, à Lyon. « C’est là qu’ils ont fusillé mon père. Peu de temps après, j’étais à Drancy, ville qui servait de transit. J’ai finalement atterri au camp de Monowitz, aussi appelé Auschwitz III. »
La salle applauditL’horreur du camp, la marche de la mort, le trajet en train vers la Tchéquie « qui part avec 2.500 personnes, et qui arrive avec 500 survivants… », puis la Libération, autant de mots qui semblent atteindre les lycéens. Son histoire terminée, M. Wajcman voit la salle entière se lever, et l’applaudir. Puis vient le moment des questions. Un premier jeune se lance, timidement : « Quel poids faisiez-vous à votre retour en France ? ».« 16 kilos », répond l’intéressé, provoquant de vives réactionsRobert Wajcman est aussi interrogé sur les réactions des gens, à l’époque, sur ce qu’il avait vécu. L’actualité ressurgit, celle de 2019, et ses relents d’antisémitisme. Les élèves veulent connaître l’avis de Robert Wajcman. « À l’époque, on pensait que ce qu’on avait vécu était accidentel, que plus jamais ça n’arriverait. » 
À la sortie du lycée, les jeunes sont encore marqués par de qu’ils viennent d’entendre. « On avait des informations sur la déportation, mais je ne savais pas que c’était à ce point difficile », reconnaît Clémentine.
Pour Élian et Laurine, l’histoire de M. Wajcam était très émouvante, et les a fait réfléchir. « On se plaint pour tout et n’importe quoi aujourd’hui. Comparé à ce que ce monsieur a vécu, c’est tellement dérisoire… ».

Julien GRIVEAU
Journaliste, rédaction Châteauroux
Publié le