À LA RECHERCHE D'UNE PREUVE FORMELLE...
La fouille a été réalisée sur une parcelle privée dans le quartier des Marins à quelques dizaines de mètres d’une opération préventive de l’Inrap menée en 1997 sous la direction de Philippe Blanchard. Cette dernière avait livré 10 tombes d’enfants (6 mois à 8 ans) tous inhumés en cercueil. Le caractère juif du lieu était envisagé sur la base d’un plan du XVIIIesiècle qui plaçait dans ce secteur de la ville, l’ancien cimetière de la communauté juive. Faute d'une stèle et d’indices matériels et en raison d’un faible échantillon de tombes, il n’avait toutefois pas été possible à l’époque d’apporter de preuves formelles sur l’attribution de l’espace funéraire aux juifs de la ville. L’objectif de ces nouvelles campagnes de fouilles était donc de confirmer le lien de ce cimetière avec la communauté juive castelroussine, étudier son organisation par l’acquisition d’un plus grand nombre de sépultures, analyser les pratiques funéraires associées aux défunts, déterminer la composition de la population inhumée (âges, sexes, état sanitaire …) et préciser la date d’utilisation du cimetière.

LA PLUS VASTE COLLECTION DE SÉPULTURES ISSUE D’UN CIMETIÈRE JUIF MÉDIÉVAL EN FRANCE
Les campagnes de fouilles ont permis de mettre au jour 46 nouvelles tombes datées entre les XIIe et XIVe siècle et contenant majoritairement des adultes ou grands adolescents inhumés en cercueil. Les interventions de terrain ont révélé que les fosses sépulcrales étaient organisées en rangées parallèles au sein desquelles les inhumations (ouest-est) étaient pratiquées de façon très proche (peu de recoupements). Cette disposition traduit une gestion rigoureuse de l’espace funéraire et implique la présence d’une signalisation de surface (stèles de pierre probables, non retrouvées à la fouille).

Si l’on ajoute les dix sépultures fouillées en 1997, il s’agit désormais de la plus importante collection issue d’un cimetière juif médiéval en France. L’étude et l’analyse des données permettront des comparaisons avec les autres rares exemples français et européens. À terme, l’espoir est de pouvoir livrer aux archéologues des clés de reconnaissance de ces espaces funéraires lors des diagnostics préventifs en indiquant les éléments qui permettent d’identifier les principales caractéristiques des cimetières juifs médiévaux. L’étude des pratiques funéraires permettrait ainsi de distinguer les cimetières juifs, chrétiens et éventuellement musulmans (Péninsule ibérique par exemple).

L’ensemble des restes osseux seront réinhumés au sein d’un caveau dans le carré israélite du cimetière de Châteauroux où sont déjà présents les squelettes fouillés en 1997.